Par Clarisse Fabre
Les longs-métrages de la sélection 2020 sont présentés en avant-première au Louxor, à Paris, du 25 au 29 septembre, avant leur sortie en salle et une tournée en région.
Le Festival de Cannes n’a pas eu lieu cette année, mais la section parallèle de l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) n’a guère dérogé à ses habitudes, achevant de sélectionner pendant le confinement neuf longs-métrages. Avant leur sortie en salle, les films sont présentés en avant-première au Louxor, à Paris, du 25 au 29 septembre, avant une tournée en région.
C’est peu dire que les œuvres de la sélection 2020 se répondent et se font écho, avec leurs portraits de héros fragiles arpentant leur territoire ou le défendant avec l’énergie de ceux qui y vivent leurs derniers instants. Dans chacun de ces films – une majorité de documentaires s’étirant vers la fiction – un espace de vie, un lycée, un lac, un tuk-tuk cambodgien, un aéroport pour espérer s’envoler, une maison que l’on ne voudrait jamais quitter. Comment habiter, garder la mémoire et la fierté ?
Chroniques de familles
Voici quatre chroniques de familles guettées par le déracinement : The Last Hillbilly, de Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe, nous parachute sur les hauteurs farouches des monts Appalaches, dans ce Kentucky de l’Est où les habitants s’affirment « Appalachiens » plus qu’Américains. Le titre renvoie à l’expression péjorative « péquenaud des collines », un stigmate que les héros du film retournent et revendiquent comme l’on brandirait l’étoile du shérif. Capturé dans un naturalisme sauvage, ce morceau d’Amérique prend un relief particulier à l’approche de l’élection présidentielle aux Etats-Unis.
Tout doit disparaître dans La Ultima Primavera, d’Isabel Lamberti : les résidents de la « Canada Real », un bidonville en périphérie de Madrid, doivent quitter les maisons construites de leurs mains, avant que celles-ci ne soient détruites. Embarquée dans le compte à rebours du départ, la cinéaste, née en 1987, tire un fil dramatique sous tension mais jamais misérabiliste. Chez les Gabarre Mendoza, rien, ni même un bulldozer, ne pourra séparer les trois générations qui vivent sous le même toit.
C’est un autre terrain vague, désert et cuisant sous le soleil sicilien, qui ouvre le fantomatique Il mio corpo, de l’Italien Michele Pennetta : celui où Oscar et son père récupèrent de la ferraille, tandis que, dans les environs, le Nigérian Stanley survit de petits boulots. Deux vies parallèles sur les rails d’un « western » où les pistolets sont déjà à la casse.