France: Semaine de la Presse à l’école : des lycéens de Savoie traquent les fausses informations

Publicado: 22 marzo 2021 a las 12:02 am

Categorías: Noticias Europa

France/Mars 22, 2021/Christophe Van Veen-France Bleu Pays de Savoie/La Source: https://www.francebleu.fr/

France Bleu Classe Média à l’action ! A Chambéry, sept élèves du lycée Vaugelas enquêtent sur les dérives de l’information. A qui faire confiance ?

En Finlande, l’éducation aux médias commence dès l’âge de 6 ans. La France est mal classée en Europe. Gros chantier ! Dans le groupe Radio France, France Bleu Classe Média est le support de cette mission d’apprentissage des médias auprès de collégiens et de lycéens. Le lycée Vaugelas à Chambéry répond présent. Notre composition d’équipe : MayaAmayaDianaRomaneEmmaTao et Corentin. Ils ont entre 14 et 15 ans, élèves en seconde. Super impliqués, assez bluffants. A qui faire confiance pour avoir des informations fiables ? Enquête exclusive de nos apprentis journalistes !

Les débuts dans le métier
Les débuts dans le métier © Radio France – Christophe Van Veen

Notre référent est Tao, le grand organisateur qui jongle entre les visio-conférences et les emplois du temps de chacun chamboulés par la pandémie. Rien ne serait possible sans le proviseur Claude Desbos, premier supporter, qui nous a mis une salle à disposition.

  • Le magazine réalisé avec France Bleu Classe Média est diffusé aux autres élèves de seconde, au sein du lycée Vaugelas, lors de cette semaine de la presse à l’école, avec une présentation du métier de journaliste par Christophe Van Veen.
  • Des extraits seront diffusés samedi 27 mars sur France Bleu Pays de Savoie de 12h à 12h30 dans Carnet d’adresses de Christine Martinez.
L'équipe de choc
L’équipe de choc © Radio France – Christophe Van Veen

On s’est vus une première fois avant les vacances de février 2021, puis en un temps record, trois semaines, notre France Bleu Classe Média a pu se nourrir de trois grosses heures de découverte-initiation aux médias. Ensuite nous sommes passés à la pratique, micro en main, plusieurs après-midi, avec en apothéose, si l’on peut dire, une visite des locaux de France Bleu Pays de Savoie, à Chambéry. Pour les encadrer, les initier aux bases du métier de journaliste et transformer leur matière en éléments diffusés sur les ondes, ma pomme, Christophe Van Veen, de la rédaction de France Bleu Pays de Savoie.

S’informer pour comprendre le monde

Le thème de cette saison 2021 est particulièrement pertinent.  “S’informer pour comprendre le monde”. Avec les sept fantastiques, nous en avons fait un magazine d’un quart d’heure où nos jeunes détectives de l’info sont d’abord allés questionner les jeunes de leur âge sur l’utilisation des médiasun professionnel de la vérification des fausses informations – Nicolas Martin de France Culture – et un infectiologue Olivier Rogeaux confronté au fake news autour du Covid 19.

Les lycéens ont préparé leurs interviews ensemble
Les lycéens ont préparé leurs interviews ensemble © Radio France – Christophe Van Veen

Les trois quarts des jeunes utilisent les réseaux sociaux pour s’informer70 % de ce que vous regardez sur YouTube vous a été proposé par l’algorithme de YouTube

Les fausses informations sur le Covid ont été vues plus de 3,5 milliards de fois sur Facebook en 2020La vérité est plus lente que le mensonge60 % des gens partagent des tweets sans même ouvrir les liens

Avoir confiance, mais pas trop. S’informer sans se faire influencer – Maya de France Bleu Classe MédiaMultiplier les sources. Choisir des comptes certifiés. Privilégier les grands médias traditionnels. Demander à ses parents. Ne pas relayer n’importe quoi – France Bleu Classe Média

Nicolas Martin : “Votre meilleure arme, c’est votre esprit critique”

Producteur des Idées Claires sur France Culture, Nicolas Martin tord le cou aux rumeurs. Nous l’avons interrogé sur deux médias qui arrivent en tête des choix des jeunes. Google Actu et YouTube. Chaque minute, dans le monde, 500.000 vidéos sont vues sur YouTube… qui appartient à Google.

Nicolas Martin : Google Actu est une plateforme qui propose des contenus d’autres médias. C’est un agrégateur. Globalement fiable, mais il faut être vigilant. Car c’est l’algorithme de Google Actu, un petit programme informatique, qui fait le choix à votre place. Exemple avec les théories complotistes sur la fabrication du virus en laboratoire. Comme cela suscite de nombreux commentaires, l’algorithme de Google va penser que c’est très populaire et important et va vous proposer ces théories dans les premiers choix. Youtube, c’est différent. Tout le monde peut poster ce qu’il veut. Il y a des choses très bien, sérieuses où les Youtubeuses et Youtubeurs font un vrai travail de journaliste, mentionnent leurs sources et des liens en commentaires. Et puis il y a ceux qui font de l’idéologie, avec un montage cut-up, sensationnaliste avec de la musique qui fait peur. On est là très loin du journalisme.

Classe Média : Quels conseils de base pour nous les jeunes, sur les réseaux sociaux ? 

Nicolas Martin : Toujours se demander : Qui publie ? Sur quel site je suis ? On peut aller dans les rubriques “A propos”. Les plateformes ont commencé à mettre des filtres sur les contenus haineux ou les fausses informations, mais on est loin du compte. Cela peut vous servir d’alerte. Votre meilleur arme, c’est votre jugement, c’est votre libre-arbitre, c’est votre esprit critique.

Interview de Nicolas Martin au téléphone
Interview de Nicolas Martin au téléphone – Tao

Olivier Rogeaux : “Qui croire ? C’est la grande question depuis le début de l’épidémie.”

La pandémie a été un accélérateur à particules de mensonges. Olivier Rogeaux, infectiologue à l’hôpital de Chambéry, en première ligne depuis le début de la crise sanitaire, s’est montré tout de suite enthousiaste à l’idée d’informer la jeune génération sur son quotidien et de défendre la parole des scientifiques mise à mal ces derniers mois. Rencontre dans la salle d’arts plastiques du lycée Vaugelas.

Olivier Rogeaux : C’est un éternel problème. Qui croire ? On a une maladie nouvelle avec des connaissances qui évoluent très vite. Le problème des médias, c’est de demander des réponses et des solutions tout de suite.  Celui qui fait le buzz, c’est celui qui a des avis tranchés. Moi, quand on me demande : quand sortira-t’on de la crise ? Je dis que j’espère cet été, peut-être. Je n’ai pas de preuves scientifiques pour dire ce qui va se passer. Qui croire ? Sachant que vous avez plusieurs personnes avec le même titre de docteur en médecine qui disent des choses différentes. Qui croire ? Celui qui dit : “J’ai un remède miracle, la chloroquine, qui va sauver l’humanité”. Ou celui qui dit : “Je n’ai aucune preuve de son efficacité”. Qui préférez-vous croire ? Celui qui dit sur Facebook que l’on met des puces 5G dans les vaccins ou celui qui vous dit que les vaccins protègent, limitent les hospitalisations. A vous de voir à qui vous faites confiance. Sachant que ce n’est pas une seule personne qui détient la vérité.

Olivier Rogeaux sur le gril de France Bleu Classe Média
Olivier Rogeaux sur le gril de France Bleu Classe Média © Radio France – Christophe Van Veen

L’infectiologue a tout de même des certitudes, des sources qu’il juge fiables, à savoir des études publiées dans des revues scientifiques sérieuses. Des références comme la Haute Autorité de Santé, le conseil scientifique, etc… Tout ce qui fait l’objet de publications argumentées. Et son expérience. A l’annonce du premier confinement, en mars 2020, il avait prévenu la population dans les médias que la crise serait durable. 

Olivier Rogeaux : Je ne suis pas devin. Je me suis basé sur mon expérience de terrain, à l’hôpital, sur ce qu’on voyait des malades qui arrivaient dans nos services. Et puis aussi sur l’Histoire des épidémies dans le monde. Il a fallu au minimum un an et demi pour en sortir. Je me fie à mon travail d’infectiologue, à des experts que je connais, à ce que je lis dans des revues scientifiques sérieuses, depuis des années. On est quand même frappé par le nombre de soit-disant infectiologues qui vont dans les débats télévisés alors que ce n’est pas du tout leur spécialité médicale.

Bilan de la France Bleu Classe Média

Le mini-stage avec nos lycéens Savoyards a été intensif. L’éducation aux médias apparaît plus salutaire que jamais en ces temps de complotisme débridé et de fausses nouvelles échevelées. Bonne nouvelle : on se rend compte que les jeunes participants sont déjà très éduqués. Nos petits détectives de l’info vont donner du fil à retordre aux pourvoyeurs de mensonges.

Ils ont découvert la radio. La plupart écoutent la radio de papa-maman. “Si ça m’intéressait pas, je ne serais pas venu”, résume sans fioritures Corentin qui a découvert les métiers de la radio, du reporter au studio. Devenir journaliste ? Emma réfléchit à en faire un métier, tandis que Romane va s’abonner à Society, la revue papier qu’elle a découverte durant les sessions de France Bleu Classe Média. De petites graines qui, on l’espère, seront profitables à nos jeunes pousses.

La Source: https://www.francebleu.fr/infos/education/france-bleu-classe-media-en-savoie-les-jeunes-et-l-information-1615975495